Il était encore tôt. Le jour pointait à peine, et pourtant, le général de brigade Suthran était déjà dans la salle de commandement. Réveillé et inquiet. Il était assis sur son siège et attendait d’une minute à l’autre, le commandant qu’il avait envoyé chercher. Ce commandant se trouvait maintenant devant la porte du bâtiment et s’apprêtait à entrer. Il était vêtu de son lourd manteau d’hiver aux couleurs d’Altgard, par-dessus son armure verte habituelle.
Sivka Elion, commandant asmodien à la forteresse d’Altgard, était de taille moyenne, les cheveux châtains et les yeux bleus. Il portait une épée longue au côté, usée par l’utilisation intensive qu’il devait en faire, mais elle était toujours aussi tranchante.
À son arrivée, les gardes postés à l’entrée ouvrirent les portes, et Sivka s’avança jusqu’au général. Il s’agenouilla en guise de salut formel.
- Mon général. Dit-il en relevant la tête.
Le général Suthran lui fit signe de se relever et le jaugea un moment du regard. Il parla ensuite de sa voix grave et autoritaire :
- Commandant Elion, je t’ai fait venir car j’ai reçu cette nuit un message urgent de Morheim. Du général de brigade Aegir lui-même.
Suthran fit une pause, réfléchissant à la décision qu’il devait prendre.
- Il semblerait qu’il éprouve des difficultés à contenir les assauts répétés des Elyséens, auxquels s’ajoutent les problèmes des worgs et des taygas des environs. Il me demande des renforts.
Sivka attendait la suite. Il savait maintenant ce qui allait être dit. Il était envoyé, lui et ses hommes sans doute, à Morheim pour prêter main forte à Aegir. Ce qu’il attendait, c’était les détails. Le général les lui donna :
- Je ne peux pas me permettre d’envoyer plusieurs cohortes à cause des Maus à l’est, qui semblent actifs en ce moment. Tu iras avec ta cohorte et tu me feras deux rapports sur la situation. L’un après t’être entretenu avec Aegir le plus tôt possible, le deuxième après quelques jours passés là-bas pour me donner ton sentiment sur l’urgence de la situation.
- Et quand devons-nous partir Général ? demanda Sivka en se doutant cependant de la réponse.
- À midi au plus tard. Je vais joindre à ta cohorte deux courriers par lesquels tu me feras parvenir tes rapports.
Sivka dissimula une moue désapprobatrice. Midi. Cela ne laissera pas beaucoup de temps à lui et ses hommes pour se préparer et dire adieu à leur famille. La tension serait palpable dans les rangs et la mauvaise humeur omniprésente. L’arrivée des deux courriers n’arrangerait pas les choses. Il n’aimait pas ça.
La voix du général le tira de ses pensées :
- Je te laisse le soin de préparer l’itinéraire. Tu peux diposer.
Sivka salua, et sorti à grand pas de la salle de commandement. Il appela son sergent et lui demanda d’aller chercher ses lieutenants. Il fallait faire vite.